La dysplasie coxo-fémorale est une anomalie de développement de l’articulation de la hanche, liée à une mauvaise conformation de la hanche : la tête du fémur s’emboîte mal dans la cavité de la hanche, associée à un relâchement du ligament qui les unit. Cette anomalie créée à terme une dégénérescence articulaire et des lésions progressives des cartilages, des ligaments et des os qui la constituent. La malformation peut passer inaperçue à la naissance, et se manifester lors de la croissance, durant laquelle des modifications articulaires apparaissent, pouvant mener à une coxarthrose douloureuse et handicapante.
La dysplasie de la hanche est une maladie complexe et multifactorielle : elle est génétique, mais elle peut être déclenchée ou aggravée par des facteurs environnementaux. La sélection génétique des reproducteurs joue un rôle majeur pour réduire les probabilités de dysplasie.
Il est courant d’entendre que la dysplasie est la malformation typique du berger allemand, à tord ! En effet, l’association entre les deux a souvent été faite car le club de race allemand du berger allemand (SV) fut l’un des premiers à imposer des tests pour les reproducteurs. Voir le chapitre dédié.

Les facteurs environnementaux
Au-delà de l’hérédité, certains éléments environnementaux jouent également un rôle dans l’expressivité de la maladie. Pris isolément, ils ne suffisent pas à déclencher la maladie chez un animal sain, mais ils peuvent en précipiter l’apparition ou en aggraver l’évolution.
- L’alimentation du chiot en croissance fait partie de ces facteurs. Une suralimentation ou un apport excessif en minéraux et vitamines favorisent une croissance trop rapide et un excès de poids, mettant le squelette à rude épreuve. Cette surcharge constitue un terrain favorable au développement de la dysplasie.
- L’exercice, et donc la masse musculaire, est un autre point de vigilance chez les chiots. Des activités trop intenses ou violentes entraînent des traumatismes articulaires susceptibles de favoriser la maladie (tels que les sauts, les escaliers, les glissades, les course-poursuite…). De manière générale, tout traumatisme de l’articulation, particulièrement durant la croissance, augmente le risque de dysplasie ultérieure.
- Les chiens à croissance rapide sont beaucoup plus sensibles à cette pathologie que les autres, d’où une prépondérance des cas de dysplasie de hanche chez les grands chiens.
Le dépistage
Bien qu’aucun symptôme ne soit propre à cette pathologie, certains signes peuvent être révélateurs, tels que :
- Difficultés à se lever ou à sauter
- Intolérance à l’effort ou à la montée d’escaliers
- Boiterie plus ou moins visible, d’un ou des deux membres postérieurs
- Course en « saut de lapin » (le chien ramène ses deux pattes arrières en même temps lors de la course)
- Douleurs aux hanches
- Atrophie ou faiblesse des muscles postérieurs
Un dépistage précoce peut être envisagé dès l’âge de 16 semaines, en cas de fortes suspicions, qui se divise en 2 étapes : un examen clinique chez un vétérinaire, une radiographie sous anesthésie générale réalisée sous différents angles.
Dans le cadre de la reproduction des Altdeutsche Shaferhunde, l’UCFAS impose qu’un dépistage soit effectué à partir de 12 mois révolus sur les 2 parents, en suivant un protocole strict de radiographie.
Cependant, il faut noter que dans la réalité un chiot n’a pas terminé sa croissance à cet âge, la corpulence adulte d’un Alteutsche Shaferhunde peut ne se stabiliser qu’à 24 mois !
Or, la dysplasie est en partie liée à la laxité ligamentaire, qui permet la croissance des ligaments en parallèle de celle des os. Cette laxité peut entraîner une augmentation de l’amplitude articulaire et souvent fausser l’interprétation des radiographies de dysplasie, en raison de la mesure d’un angle trop élevé.
C’est la raison pour laquelle l’UCFAS recommande d’attendre que le chiot ait entre 15 et 18 mois avant de réaliser les examens, afin d’obtenir des résultats fiables.
Les clichés sont ensuite transmis à un vétérinaire expert (au Professeur Jean-Pierre GENEVOIS) qui est chargé de l’interprétation et d’attribuer un stade à la dysplasie.
En Europe, la gravité de la dysplasie est classée en 5 stades, allant de A (hanches normales) à E (forme sévère), d’autres organismes internationaux utilisent des notations différentes.
Ces résultats sont souvent présentés de la manière suivante « HD = x/y », signifiant Hip Dysplasia (HD), avec « x » et « y » correspondant au stade de chaque hanche.

L’examen radiologique permet de mettre en évidence des signes d’arthrose ainsi que de mesurer l’angle de NORBERG-OLSSON, qui donne une idée de la couverture de la tête par l’acétabulum et de la pénétration de la tête au fond de la cavité acétabulaire. En images, cela donne les clichés suivants :





L’UCFAS recommande une sélection rigoureuse des reproducteurs, afin de réduire le risque de développer la malformation chez les chiots. Cette démarche repose sur plusieurs points :
- Sélection individuelle : résultats radiologiques des reproducteurs
- Sélection généalogique : résultats radiologiques des ancêtres des reproducteurs
- Sélection des collatéraux : résultats radiologiques des frères et sœurs des reproducteurs
- Sélection des descendants : état des hanches des descendants des reproducteurs, issus de portées précédentes
Pour plus d’informations, consulter la réglementation d’élevage de l’UCFAS
Certains alternatives ou compléments au dépistage radiographique se dessinent pour l’avenir, tels que les tests génétiques mettant en évidence les gènes impliqués dans la maladie. Des études sont en cours par les Drs Catherine André et Pascale Quignon à l’Institut de Génétique et Développement de Rennes (IGDR).
Une prévention cruciale et des traitements adaptés
La dysplasie ne se guérit pas, mais des traitements existent pour soulager la douleur et la gêne pour le chien, ils sont similaires aux traitements habituels pour l’arthrose. Ils sont de 2 types :
- TRAITEMENTS MÉDICAUX :
- Antalgiques, anti-inflammatoires
- Compléments alimentaires chondroprotecteurs (à base de Glucosamine, Chondroïtine, Oméga-3, Collagène…)
- Alimentation équilibrée, poids de forme
- Exercice physique adapté et périodique (ex: nage)
- Ostéopathie
- TRAITEMENTS CHIRURGICAUX : Lorsque la maladie devient trop handicapante, une intervention chirurgicale peut être envisagée afin de stabiliser l’articulation. Dépistée tôt, la dysplasie coxo-fémorale peut bénéficier de chirurgies correctrices comme la double ou la triple ostéotomie du bassin, ou encore la résection de la tête et du col fémoraux. Chez les chiens plus âgés, les solutions chirurgicales peuvent être plus lourdes, telles que la pose d’une prothèse totale de hanche.
La prévention reste cependant l’arme la plus efficace. Elle cible les deux principaux facteurs de risque : l’alimentation et l’exercice.
Il est donc important de fournir à son animal dès le plus jeune âge une alimentation de qualité et en quantité raisonnable, éventuellement en incorporant des compléments alimentaires tels que la moule verte de Nouvelle-Zélande, riche en Glycosaminoglycanes.
Il est également nécessaire de maintenir une activité physique au chiot, tout en adaptant l’exercice à son âge, sa race et son poids. Les sauts et les montées d’escalier sont par exemple à proscrire lors des premiers mois d’un chiot car ils sont très traumatisants pour les articulations. Gare aux glissades également !
Quelles races sont les plus touchées ?
L’Orthopedic Foundation for Animals (OFA) met à disposition sur son site internet des statistiques de maladies par races, on y retrouve les chiffres pour le Berger Allemand, ce qui permet de se faire une idée sur ceux de l’Altdeutsche Shaferhunde.

Sources
UCFAS – dysplasie des hanches
UCFAS – dysplasie des coudes
UCFAS – Âge pour effectuer les radios
Orthopedic Foundation for Animals (OFA)
Orthopedic Foundation for Animals (OFA) – statistiques de maladies par races
I-CAD – Dysplasie de la hanche
Centrale Canine – Dysplasie coxo-fémorale
Vetopedia – stades radiologiques de la dysplasie de la hanche
Bichot S. (2013).Traitement de l’arthrose canine : étude d’efficacité d’une diète riche en moule verte. Université de Montréal 2013-09
Quélen, C. (2016). La dysplasie coxo-fémorale chez le bouvier Bernois : étude génétique et analyse des résultats du dépistage officiel entre 1994 et 2014. ONIRIS 2016NANT093V
Bui LM, Bierer TL (2003). Influence of green lipped mussels (Perna canaliculus) in alleviating signs of arthritis in dogs. Vet Ther Winter ; 4(4):397-407. PMID: 15136981.
Adeline Kaemmerlen (2022). Diagnose de l’âge du chien et du chat, application en médecine préventive. Sciences du Vivant dumas-03856037
Marie H Sallander (2006). Diet, Exercise, and Weight as Risk Factors in Hip Dysplasia and Elbow Arthrosis in Labrador Retrievers. Journal of Nutrition. DOI:10.1093/jn/136.7.2050S
Slater, MR (1992). Diet and exercise as potential risk factors for osteochondritis dissecans in dogs. AVMA Journal. 53:2119-2124
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